Point-Cœur Saint-Jean-Paul-II
Etats-Unis
Ville : Brooklyn (2,6 millions d’habitants) in New York City (8,4 millions d’habitants)
Quartier : Fort Green, Ingersoll &Walt Whitman Housing projects (16 mille habitants)
Date de fondation : Novembre 2003 (dans le Bronx), déménagement à Brooklyn le 12 avril 2008
Fête du Point-Cœur : 22 octobre
Présentation du pays et du quartier :
Symbole de l’Amérique, New York est un véritable patchwork culturel tout en contraste. L’agglomération regroupe cinq municipalités ou « boroughs » : Manhattan, le Bronx, Queens, Brooklyn et Staten Island. De jour comme de nuit, il s’y passe toujours quelque chose. Nul doute, New York a bien mérité son surnom de « ville qui ne dort jamais ».
Mère Térèsa avait reconnu au sein de cette ville immense, la très grande solitude, et avait déclaré New York « une des villes au monde qui a le plus besoin de compassion. »
Le Point-Cœur est situé à Brooklyn, à proximité de Manhattan (2 stations de métro) dans une cité HLM « the Ingersoll Housing Projects ». La population est très diversifiée avec une majorité d’Afro-Américains, de nombreux hispaniques, souvent issus des îles (Porto-Rico, Cuba, République dominicaine) ou d’Amérique Centrale, et aussi de plus en plus d’Asiatiques.
Apostolats extérieurs :
- « Tillary Shelter for Women » : foyer d’hébergement pour des femmes de la rue
- Atlantis Care Center Nursing Home (maison de retraite)
- Hopkins Center Nursing Home (maison de retraite)
- Farragut Housing Project : visite d’un autre quartier HLM
Rencontres organisées par le Point-Cœur :
- I School hebdomadaire
- Rencontre mensuelle et camp annuel avec des jeunes du quartier (Youth Group)
- Soirée mensuelle avec des artistes (films, conférences)
- Diner Thanksgiving et goûter de Noël annuels
- 7 week-ends et 2 stages annuels pour la formation des volontaires américains
«Quand je vois leurs visages passer ma porte, c’est comme si tout s’éclairait ! Je me sens aimée, désirée, importante … »
Edna Pimentel, une amie du Point-Cœur
Témoignages de volontaires en mission à Brooklyn
Rien n’est mort !
Cécile est en mission au Point-Cœur de Brooklyn à New York. Elle découvre combien pour le Christ, rien n’est jamais mort, rien n’est jamais définitivement perdu… Souverain Maître, il a le pouvoir de tout réintégrer, même un défunt, en un instant à Sa vie, la vie éternelle.

Divina
Rien n’est mort en Divina, cette amie sans-abri, qui frappe à notre porte toutes les heures, quand elle ne s’est pas réfugiée pour une nuit ou deux à l’hôpital ou dans un immeuble. Rien n’est mort, même si nous sommes épuisés de ne plus savoir comment l’aider (toute tentative de lui trouver une solution de logement et de soins viable s’est jusqu’ici soldée en échec, depuis six ans : Divina souffre de schizophrénie). Rien n’est mort parce qu’elle est capable de nous aider dix minutes à laver des légumes et de rire aux éclats. Rien n’est mort parce qu’elle a la lucidité de crier parfois à l’aide, en larmes… Rien n’est mort parce qu’après le verre d’eau reçu à la maison, elle continuera de vivre une journée. Rien n’est mort parce qu’elle nous provoque à toujours essayer de la comprendre, à ne pas croire que l’amitié se contente de solutions toutes faites. Rien n’est mort et tout sommeille… attendant la délivrance éternelle.
Rien n’est mort en Teressa, qui a quitté, depuis vingt ans, l’Eglise catholique, après une enfance plutôt pieuse… et s’est mise à la peinture, puis, plus récemment, à la sculpture, sculptant des corps sans bras, reflets tristes et amicaux de son âme qu’elle sent « sans vie ». Rien n’est mort parce qu’une de nos conférences, à laquelle elle assiste par hasard, réveille tout en elle. Ou plutôt, comme elle me le confie samedi dernier, en voyant certaines personnes de notre communauté, leur bonté et leur attention, elle est tout-à-coup « re-révélée » à elle-même : elle se souvient de ses conversations d’enfants avec Dieu, elle retrouve, en un instant, les ailes ou les bras, qui lui manquaient : elle se sent chez elle et tout reprend son sens et demande comment réintégrer l’Eglise. Vingt ans de sommeil balayés par l’éclair fulgurant d’une présence…

Dîner de départ de Pat
Rien n’est mort dans notre amitié avec Pat, qui, après de nombreuses années à New York, dans le miséreux shelter (foyer pour sans-abris) voisin, malmenée par ses colocataires, et transportée dans des hôpitaux, sans comprendre ce qui lui arrivait, vient de pouvoir repartir pour Trinidad, d’où elle est originaire. Lors du petit dîner d’adieu que nous lui avons fait à la maison, (toutes les semaines nous visitons le shelter, et Pat était devenue une très grande amie…), ses larmes étaient bien difficiles à regarder. Mais Pat était en même temps comme « rayonnante » de l’amitié avec nous, cette amitié qui lui a permis de survivre dans la ville folle. Nous ne reverrons plus Pat, mais savons que tout ce que nous avons vécu avec elle sera intact, lorsque nous la retrouverons pour la grande amitié dans la vie éternelle.
A quoi aspire Laura ?
Rencontrée à New-York, Laura est devenue une amie du Point-Cœur de Brooklyn. Cécile a recueilli ses aspirations, ses recherches et nous la confie.
Laura est italienne et va bientôt fêter ses trente‐deux ans. Nous l’avons connue à la Cathédrale de Brooklyn, où nous allons à la messe le dimanche. Elle vit depuis dix ans à New York, où elle enseigne à l’université tout en rédigeant sa thèse, et devrait obtenir dans quelques mois la nationalité américaine. Catholique par éducation, elle cherche depuis peu à s’approprier sa foi. Et il est bien émouvant de voir que son amitié avec nous arrive au bon moment dans sa vie. Elle sort en effet d’une relation amoureuse qui a mal terminé et l’a brisée. Il n’y a pourtant aucune haine, aucune révolte en elle. Au contraire, elle tire de cette expérience la leçon qu’elle ne peut pas y arriver toute seule, que sa vie aspire à être sauvée, et en elle croît le désir immense de rencontrer un Dieu qui serait vraiment son ami. Un Dieu qui vienne la chercher pour l’aider à réaliser sa vie. Ses aspirations sont simples – se marier, fonder une famille, avoir souci des plus pauvres – et elle a conscience que ces aspirations lui sont données plus qu’elles ne viennent d’elle‐même, comme signes d’aspirations plus grandes encore. Alors elle cherche à les prendre au sérieux. Elle s’y accroche, non pas par désir de succès ou au nom d’une égocentrique « réalisation de soi » mais par souci de donner à sa vie la consistance qu’elle est appelée à avoir. En même temps, elle tâtonne… et donc se tourne souvent vers nous, redoublant de questions. Ainsi l’autre jour me demande‐t‐elle tout à coup : « Quand je vois un mendiant dans la rue, qu’est‐ce que je dois faire ? ». C’est comme si tout ce qu’elle avait vécu machinalement jusqu’ici (marcher dans la rue, travailler, voir ses amis) prenait tout à coup une lumière nouvelle, une signification singulière. Elle ne laisse rien passer : tout pour elle est provocation pour se demander quel est réellement le sens de sa vie.
Lettre de Laetitia pour son départ du Point-Cœur de New-York

Carole et Laetitia, New York, 2014
Laetitia P. est membre permanente de Points-Cœur. Après plusieurs années aux Etats-Unis, elle quitte ce pays pour rejoindre en août le Point-Cœur d’Equateur pour une nouvelle mission. Voici son témoignage à la veille du départ :
Lorsque j’ai su que j’allais quitter New York, après presque huit ans, je me suis rendu compte que ma présence dans cette ville, la communauté, les amis, la vie routinière, les rencontres m’étaient devenus une évidence, quelque chose normal. Mais tout à coup, l’approche du départ m’a ouvert les yeux sur la beauté de tout ce qui m’était donné de vivre au quotidien. Comme quelqu’un qui aurait pris des photos et, qui, au bout de la 500e ne prête plus assez attention à la beauté de ce qu’il voit. Le fait de s’asseoir pour les regarder révèle une nouvelle lumière sur la richesse de chacun des clichés, et lui permet de percevoir avec un œil nouveau la beauté des visages, des paysages. Ainsi, avec la conscience de quitter ce lieu, j’ai vu d’un œil nouveau nos amis, notre communauté, notre mission. J’ai apprécié chaque recoin de cette ville pétillant de vie. Et surtout, mon cœur m’a crié tout son amour pour chacun de nos amis et pour ma communauté !
Pendant un peu plus d’un mois, j’ai pu consacrer tout mon temps à dire au revoir à nos amis du quartier. Ce fut un mois d’une incroyable intensité, un grand cadeau ! Il m’a fallu un peu de courage de commencer à dire à nos amis que je partais, et à réaliser que je partais pour de vrai ! Je sais que pour beaucoup mon départ allait être douloureux. Et pourtant, le plus souvent, j’ai été extrêmement touchée par la réaction de nos amis, qui m’a montré comment moi-même vivre ce départ. Ce fut l’occasion de recueillir de nombreux signes de gratitude pour notre amitié et de réaliser combien celle-ci est centrale dans la vie de beaucoup de nos amis.
Un des lieux qui m’a été particulièrement difficile de quitter est le « nursing-home », la maison de retraite que je visitais toutes les semaines depuis bien des années. Même si au cours de ces années, beaucoup de nos amis sont déjà partis au Ciel, ils sont nombreux ceux que je porte dans mon cœur et ceux pour qui je sais que nous sommes la seule famille, les seuls amis, une présence essentielle et fidèle. C’est donc avec le cœur serré que je vais annoncer à Carole, que je pars bientôt. Après un silence, elle me regarde droit dans les yeux et me demande : « Es-tu heureuse de partir ? ». Question difficile… Car au milieu de la peine de quitter mes amis, je suis certaine que ce départ est pour moi un bien, et oui, je suis heureuse de continuer ma route et heureuse d’une nouvelle mission. Je réponds donc « oui ». Alors, elle me regarde avec un sourire attendri et me répond : « si tu es heureuse, alors, moi aussi je suis heureuse ! J’ai aussi un cœur de mère, tu sais ! ». Je suis bien émue par la réponse de Carole. Je sais combien elle compte sur mes visites et combien quand je manque un samedi, elle me le fait remarquer ! Elle n’a pour ainsi dire plus de famille puisque son mari et ses deux fils l’ont abandonnée. Mais sa réaction me dit la beauté de son amour qui veut le bonheur de l’autre encore plus que le sien propre. Là encore, je suis touchée par le désir de Maria, Alexandra et Cécile, plus récemment arrivées dans notre communauté de prendre le relais. Elles sont là et bien là pour dire à Carole qu’elles continueront à venir et elles le font !
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