• Médiathèque
  • Contact
  • Autres sites dans le monde
  • Partir en mission
  • Nous soutenir
  • Nous suivre
Points-CœurPoints-Cœur
  • Bienfaiteur
  • Bénévole
  • Ami de Points-Cœur
  • Presse
  • Entreprises / Collectivités
  • Adhérents
Menu 
  • Découvrir Points-Cœur
    • Présentation
      • Une ONG internationale
      • Points-Cœur à l’ONU
      • Un organisme d’envoi en mission
      • Un mouvement ecclésial
      • Chiffres clés
    • Organisation
      • Dirigeants et contacts France
      • Contacts à travers le monde
    • Documentations
      • Médiathèque et ressources
      • Revue de presse
    • Nos partenaires
    • Histoire
  • Nos actions
    • Nos domaines d’intervention
      • Être présent auprès des plus souffrants
        • Accueillir
        • Soutenir
        • Accompagner
      • Répandre une culture de compassion
        • Evénements culturels
        • Vacances théologiques
        • I-School
    • Une présence unique sur le terrain
      • Les « Points-Cœur »
      • Les villages d’accueil
      • Les Points-Cœur étudiants et professionnels
      • Les maisons de formation
    • Une influence à l’O.N.U.
      • Périmètre des interventions de Points-Cœur à l’ONU
        • Education aux Droits de l’Homme 
        • Promotion et protection de la famille
        • Droit à l’éducation
        • Droit à la solidarité internationale
      • Les outils de travail de Points-Cœur à l’ONU
  • Nous aider
    • Nous soutenir
      • Espace adhérents
    • Devenir volontaire
      • Partir en mission
      • Effectuer un stage
    • Engagement à l’Ecole
    • Nos événements
    • Intégrez-nous à votre site
  • Dans le monde
    • Carte intéractive
    • Liste complète des Points-Cœur
      Découvrir tous les Points-Cœur du monde par continent
  • Actualités
    • Toute l’actualité
      Découvrir l'actualité Points-Cœur dans le monde
    • Agenda
      Participer aux prochains événements
    • Témoignages
      Partager l'expérience des volontaires sur le terrain
      • Dernière actualité

        • L’école de communauté de Varsovie

          9 décembre 2019

      • En direct de l’ONU

        Consulter les actualités de Points-Cœur à l'ONU >

  • Bénévolat
    • Renseignements
    • Les 3 piliers
    • Préparation au départ
    • Trombinoscope
    • Témoignages
    • Textes de spiritualité
    • Points-Cœur en vidéos

Cuba – Point-Cœur Bienheureux José-Lopez-Piteira

Points-Cœur > Liste complète > Amérique > Cuba – Point-Cœur Bienheureux José-Lopez-Piteira

Dans le Monde

  • Carte intéractive
  • Liste complète des Points-Cœur

Dernière actualité

  • L’école de communauté de Varsovie

    9 décembre 2019

Point-Cœur Bienheureux José-Lopez-Piteira

Cuba

Ville : La Havane (3 millions d’habitants)
Quartier : Casino Deportivo (Municipio El Cerro)
Date de fondation : 5 novembre 2012
Fête du Point-Cœur : 6 novembre

Présentation du pays et du quartier :  

Cuba est une magnifique île des Caraïbes, de 11 millions d’habitants, depuis 55 ans sous le régime communiste de Fidel et Raúl Castro. Actuellement le pays souffre de très grandes difficultés économiques et sociales, les lieux de plus grande souffrance étant la famille et l’éducation, à cause d’une émigration massive et d’un grand manque d’espérance.

Le Point-Cœur est installé dans un quartier résidentiel car construit à l’origine pour la classe dirigeante. C’est un quartier dont la population est assez âgée. Le Point-Cœur est la seule présence de l’Eglise.

Apostolats extérieurs :

  • Maison de Retraite San Francisco de Paula : tous les jeudis, la communauté va passer l’après-midi à la maison de retraite où vivent 120 femmes âgées, la majorité de santé chancelante ou invalides.
  • Quartier Marti : tous les samedis après-midi, le Point-Cœur, accompagné de quelques jeunes, va jouer avec les enfants du petit bidonville qui est caché en bordure du quartier.

Rencontres ou sorties organisées :

  • Rencontre bimensuelle avec les jeunes de divers quartiers de La Havane : La proposition change à chaque fois : présentation d’un film, I-School, sortie culturelle, rencontre avec un artiste, retraite à la plage…
  • Soirée jeux hebdomadaire : le mercredi soir, nos jeunes amis viennent jouer aux dominos, le jeu national, ou tout autre jeu.

« Quand nous nous sommes connus à la paroisse, vous m’avez invité avec beaucoup d’insistance et j’ai résisté. Puis je me suis risquée et depuis je passe tout mon temps au Point-Cœur malgré les commentaires de mes amis. J’aime être avec vous car j’aime votre manière d’être : votre attention envers les enfants, qu’ils soient propres ou sales, bien élevés ou pas. Il est si difficile ici de vivre des amitiés, et vous en avez tissées avec tant de monde ! Tout le monde vous connaît, et alors qu’il est si dur de réunir quelques jeunes dans les paroisses, votre maison en est pleine. Je n’allais plus à l’église que par routine, et vous m’en avez redonné le sens et le goût. C’est vraiment cela, c’est l’amitié, c’est ce que vous êtes. »

Noslen, 28 ans

 

« Ce que j’aime chez vous, c’est votre différence. Vous êtes avant tout des amis, de vrais amis, sur qui je sais pouvoir compter à tout moment, surtout en cas de coup dur. »

Mónica, voisine du Point-Coeur

Témoignages de volontaires en mission à Cuba

Previous
Next

« Vous souvenez vous de Miguel ? « 

Accueil des enfants au Point-Cœur de La Havane

Après une année au Point-Cœur de La Havane, Héloïse nous plonge dans une rencontre simple avec cet adolescent Miguel, un après-midi fait de « riens » et pourtant signe de la fécondité d’années d’amitié.

… Après un long moment sans qu’il apparaisse au Point-­Cœur, nous le croisons finalement dans la rue. Nous discutons avec lui et prenons de ses nouvelles. Il nous dit qu’il ne va pas en cours depuis la rentrée parce qu’il y a un problème d’uniforme et qu’il s’occupe en faisant « des trucs » avec des amis… Nous lui proposons d’aller faire un tour à la maison où Alexandra est de permanence. Avec Yenny, nous continuons notre chemin. Miguel regarde le terrain de foot où il doit retrouver ses amis et prend la direction du Point-­Cœur. Il y passera l’après-­midi. Quand nous rentrons le soir, Miguel est dans la cuisine et aide Alexandra en épluchant, tant bien que mal, un boñato (sorte de patates douces). Il est là tout content de lui et nous montre ses deux coupures aux doigts, fruit de son travail. Le boñato, quant à lui, est toujours quasi intact. Mais cela ne le préoccupe pas. Il est fier de lui ! Le temps de terminer la préparation du dîner et nous disons à Miguel que nous allons prier les vêpres. Il nous accompagne alors spontanément dans la chapelle. Il chante avec nous tous les psaumes malgré sa voix qui mue et lui qui ne tient pas en place, reste tout tranquille. Un petit miracle que nous voulons célébrer en l’invitant à dîner, ce qu’il accepte. Nous passons tout le repas à rire avec lui. Il est l’adolescent dans toute sa splendeur ! Chaque histoire qu’il nous raconte à sa manière, nous fait rire et lui ravi d’avoir un public en rajoute encore et encore, mais il reste lui-­même. Il a un sourire radieux, il est heureux. Vient le moment de la vaisselle, Miguel ne s’enfuit pas, il nous anime en chantant, accompagné d’Alexandra et de la guitare. La vaisselle se transforme en un concert ou plus exactement, jolie cacophonie, des classiques cubains. Un moment tout simple et rempli de joie. Miguel nous dira que finalement ça peut être sympa la vaisselle. Quand il s’en va content, nous restons un petit moment à la regarder partir, le sourire aux lèvres. « Comme il a grandi ! », voilà ce qui vient rompre le silence… Ah ! comme ce moment que nous avons passé avec lui est bien plus précieux que tous les moments plus compliqués ! Rien d’extraordinaire dans cette soirée, et pourtant nous sommes là en ayant l’impression d’avoir vécu quelque chose de grand ! Et nous sommes heureuses pour cela. Heureuses de le voir serviable et de le voir prier avec nous, heureuses de voir comment son comportement a évolué, finalement heureuses d’être témoins de la fécondité d’années d’amitié avec le Point-­Cœur.

 

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Héloise duR.
En mission à Cuba

Se donner, est comme l’unique moyen de se sauver

Héloïse, actuellement en mission au Point-Cœur San José Lopez à Cuba, partage une belle rencontre avec Dayan et Pedrito.

Photo du baptême : Dayan (au centre), entouré de Pedrito son parrain et Odalys sa marraine

Ce sont deux amis du lieu de vie pour personnes handicapées que nous visitons chaque semaine. Un mardi matin, en arrivant là-bas, mon regard se pose sur Pedrito et Dayan assis l’un à côté de l’autre. Les deux sont un peu voutés en avant et semblent comploter quelque chose. En m’approchant, je vois dans les mains de Dayan, le chapelet de Pedrito et, sur les genoux de Pedrito, leurs casquettes respectives. Pas de complot ici, sinon deux personnes qui se réunissent pour prier. Je les rejoins, heureuse de pouvoir partager ce moment avec eux. Ensemble nous offrons une dizaine du chapelet pour leurs intentions. Ils ne peuvent peut-être pas parler, ou peu, mais il suffit de les regarder à cet instant, pour savoir que tout leur cœur est tourné vers le Seigneur. Ils sont profondément recueillis. A la fin de ce temps de prière, je dessine une croix sur le front de Dayan, qui me rend son plus beau sourire. Pedrito prend son temps et fait son signe de croix tout seul. Mais il attrape ma main et la colle à son front, pour que je fasse de même avec lui. Il récupère ensuite son chapelet des mains de Dayan et le range dans sa banane, poche avant, lieu dédié à cet effet. Il me demande seulement de l’aider pour fermer la fermeture éclair. Chaque fois, sa persévérance dans les tâches qu’il veut accomplir, m’impressionne. S’il rate, il recommence, jusqu’au moment où il y arrivera. Il entreprend ensuite de remettre sa casquette et me donne celle de Dayan pour que je la fixe sur sa tête. Pedrito a appris à se découvrir pour prier et, maintenant, il a à cœur de l’enseigner.

Pedrito a une cinquantaine d’années, Dayan, seize ans. Le premier a une foi inébranlable et le second se prépare à recevoir le baptême. Pour cette occasion, Pedrito me fait comprendre qu’il aimerait que nous offrions un chapelet à Dayan. Il prend son rôle de parrain très au sérieux. Il souhaite accompagner son ami dans son chemin de foi. Dayan, lui, a ce désir si pur de devenir enfant de Dieu. Il suit en confiance l’exemple de Pedrito. En s’arrêtant et en les regardant, en prenant le temps d’être avec eux, on y découvre des maîtres. Des maîtres dans la fidélité à la prière, des maîtres dans la manière de se préparer et de se recueillir, des maîtres dans l’abandon au Christ. Ils pourraient entrer dans la plainte constante ou dans la tristesse, mais ils ont choisi d’offrir leur vie et de rayonner de l’amour du Christ au milieu des autres. Quel signe d’espérance, quelle lumière au milieu de tant de souffrance !

Il y a quelques jours, nous sommes allées là-bas avec un petit groupe d’adolescents qui veulent rencontrer nos amis de ce lieu. J’aimerais vous décrire un moment, celui qui m’a le plus touchée. En écoutant un de ces jeunes jouer de la guitare, Pedrito m’envoie le chercher pour qu’il joue à ses pieds. Devant lui s’exécute donc Raley, avec une chanson connue. Se joint à lui deux autres jeunes et, peu à peu, quelques amis. Tous chantent, dansent, tapent des mains et savourent le plus possible ce petit instant de bonheur ! Au loin, j’aperçois Milagro, en fauteuil roulant, qui vient d’être sortie dans le patio. En voyant ce qu’il se passe, elle se dirige vers nous et un sourire immense illumine son visage. Plus elle se rapproche, plus il se fait grand, plus elle agite ses jambes au rythme de la musique. Jessica lâche alors son déambulateur, attrape les pieds de Milagro et danse avec elle. La scène est belle : ces jeunes adolescents qui veulent partager avec eux un moment gratuit et ces amis qui, une fois de plus, nous impressionnent par la joie qu’ils savent transmettent. Sur le chemin du retour, un des jeunes nous dit qu’il est entré dans ce lieu « normal » et qu’il s’étonne d’en sortir aussi joyeux, en pensant à tout ce qui a pu le choquer à première vue. Un mystère pour lui ou, peut-être, l’œuvre de Dieu…

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Héloïse du R.
Volontaire en mission à Cuba

« Vous voulez être mes amis jusqu’à la mort ? »

Virgen de la Caridad

Ce cri du cœur d’une nouvelle amie du Point-Cœur de Cuba a bouleversé Héloïse qui nous raconte cette rencontre inattendue.

Mardi après-­midi, par un grand soleil, nous nous rendons chez Elio et Caridad. Il y a quelques jours, Elio a été opéré de la cataracte, ce qui l’oblige à rester chez lui et à se reposer. Chose inhabituelle pour lui qui, à quatre-­vingt-­un ans, continue de travailler presque tous les jours. A la recherche d’un peu d’ombre sur le chemin, nous empruntons une autre rue. Nous marchons, sans prêter grande attention, quand une femme nous interpelle d’une voix forte en disant : « Que Dieu les bénisse ! » Nous nous retournons vers elle, la regardons, lui sourions, puis, au moment de reprendre notre chemin, cette femme d’une cinquantaine d’années, nous interpelle de nouveau et nous demande comment nous nous appelons. Elle est appuyée à la porte de sa maison, debout en chemise de nuit, peu soignée. Nous nous rapprochons et répondons : Tomas et Eloisa. Elle les répète d’une voix forte, et demande : « Tomas et Eloisa, vous voulez être mes amis jusqu’à la mort ?» La question me surprend, mais la réponse est pour moi comme une évidence : « Oui ». Elle s’appelle Miriam. Elle parle vite et, en quelques minutes, nous raconte qu’elle a des troubles mentaux, qu’elle a perdu tous ses amis, qu’il ne lui reste que le Christ. D’ailleurs, elle priait la Vierge Marie de lui envoyer des amis, quand elle nous a aperçus dans la rue, passant devant sa maison. C’est pour cela qu’elle nous a interpelés. Nous échangeons un peu avec elle. Puis, elle nous demande de passer la visiter le lendemain matin. Comme ça, sans même nous connaître, elle nous invite chez elle. Pour elle, c’est évident. Le rendez-­vous est donc pris. Avant de nous quitter, elle demande plusieurs fois si nous allons venir. Chaque fois nous le lui promettons. Elle ne nous connaît pas, n’a jamais entendu parler de nous et, pourtant, elle semble mieux que personne comprendre notre présence ici : elle veut simplement nouer une amitié. Quand nous retournons chez elle, c’est sa maman Blanca qui vient nous ouvrir. Elle nous dit que sa fille lui a déjà parlé de nous. Avant de nous laisser passer, elle nous dit simplement que sa famille n’a besoin de rien d’autre que d’être aimée. Elle nous invite ensuite à rentrer et appelle sa fille. En nous voyant, Miriam, toujours vêtue de sa chemise de nuit, veut changer ses chaussures pour nous accueillir plus convenablement. Nous rencontrons à ce moment son père et son frère. Puis, au retour de Miriam, celle-­ci nous demande de prier avec elle pour qu’elle se tranquillise. Elle prend ma main et plonge son regard dans le mien. Il est intense et transperçant. Elle me demande si je vais m’occuper d’elle le jour où ses parents meurent, si je vais lui fermer les yeux le jour de sa propre mort, si je vais être présente à ses côtés toujours. Je lui réponds simplement que cela dépend de la volonté de Dieu, mais que j’ai ce désir de l’accompagner. A moitié satisfaite par ma réponse, elle se tourne vers le Père Thomas pour lui demander si elle va bientôt mourir et pourquoi elle souffre de tous ces troubles. Miriam est là devant nous, avec ses questions si profondes et existentielles qui s’enchaînent, dans cet environnement empreint de folie. Ce qui la préoccupe est d’être aimée et entourée, c’est ce qu’elle cherche en nous. Au moment de partir, elle nous demande de ne pas l’oublier, de revenir la voir, d’être ses amis jusqu’à la mort. Je la remercie de nous avoir appelés dans la rue, car je suis heureuse de la connaître. A cela, elle répond qu’elle remercie Dieu de nous avoir mis sur son chemin, puis elle me serre dans ses bras et m’arrache quelques larmes qui jusqu’ici étaient restées contenues… Deux semaines plus tard, nous reprenons le chemin de la maison de Miriam avec Alexandra. Avant, j’ai appelé Miriam pour lui demander si je peux venir la visiter pour lui présenter une nouvelle amie. Elle aime cette idée de rencontrer d’autres amies, car elle me dit que sa souffrance est supportable en notre présence. A notre arrivée sa maman me répète qu’elle n’attend rien de nous, sinon donner un peu d’amour à sa fille et l’aider à prendre soin d’elle. La visite est intense, car chaque membre de la famille souhaite être écouté, et partager avec nous un peu de sa vie. De tous, se sent le désir immense d’être regardés, et tous ont un regard qui vous saisit. Miriam, avec ses questions, son regard, sa soif d’amitié, m’a complètement chamboulée. Son cri du cœur, sa confiance instantanée, m’ont enseigné que les personnes les plus simples sont celles qui manifestent le plus facilement le désir d’aimer et d’être aimées et vous invite à la même spontanéité. Miriam est très attachée à la Virgen de la Caridad (Sainte Patronne de Cuba), elle m’a répété plusieurs fois que notre rencontre est le fruit de ses prières et que, maintenant, elle va lui rendre grâce… J’aurais eu la tentation d’y voir le hasard de la vie, mais Miriam m’ouvre les yeux sur les signes que nous envoie Dieu dans notre vie.

 

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Héloïse duR
En mission à Cuba

Junior Disney et Sangry

Héloïse est en mission à Cuba depuis cinq mois. Jouer avec les enfants n’est pas toujours un « jeu d’enfant », elle nous raconte la violence que certains d’entre eux portent en eux.

Un de nos apostolats est de se rendre, un après-midi par semaine, dans un quartier proche du nôtre, pour jouer avec les enfants. Sur le chemin, en nous voyant, ils laissent leurs occupations et nous suivent. Ils nous prennent la main, nous sautent dans les bras, et s’animent à l’idée de jouer avec nous. Plus nous approchons du terrain où nous nous installons, plus le groupe s’agrandit. Une fois arrivés, il y a ceux qui veulent jouer au foot, ceux qui jouent aux cartes, ceux qui écoutent une histoire, ceux qui veulent qu’on les attrape… Bref, s’ils nous ont suivies jusqu’ici, c’est à notre tour de suivre leurs envies ! Parfois, nous proposons aussi à quelques amis de nous accompagner car, pour les enfants, plus il y a d’adultes, plus il y a d’attention pour chacun d’eux.

Sangry

Ce jour-là, nous avons proposé à Junior de venir avec nous. C’est un jeune qui travaille comme gardien d’une maison de retraite que nous allons visiter régulièrement. Nous l’avons rencontré depuis peu et, c’est justement pour avoir l’occasion de le connaître un peu mieux, que nous l’invitons. Quand nous arrivons là-bas, chacun se met à jouer avec quelques enfants. De mon côté, je m’occupe d’un petit gars de cinq ans, tremendo, Sangry, que j’affectionne particulièrement. Quelque chose, en lui, m’interpelle, peut-être sa douceur qui, en un rien de temps, se transforme en une violence impressionnante. S’il est quasi toujours au bord d’exploser, au fil des semaines, une belle relation se tisse entre nous deux et il accepte un peu plus  que je m’oppose à lui. Ce petit bonhomme, donc, il suffit de peu pour qu’il devienne agressif et, déjà, les règles de la rue sont imprimées en lui…

Disney, un autre enfant, nous connaît bien et apprécie de passer du temps avec nous. Mais, parfois, lorsqu’il vient, son seul but est de mettre le bazar. Aujourd’hui, Disney s’en prend, entre autre, à Sangry et ce dernier, inévitablement, réagit. En un rien de temps, les deux se courent l’un après l’autre, en se lançant des cailloux et des bouts de verre. Impossible de les arrêter. D’autres enfants entrent dans le conflit. Cette fois, ce ne sont plus des cailloux, mais des pierres qu’ils veulent se lancer. La règle, ils la connaissent : s’ils commencent à être violents, nous partons. Nous ramassons donc les jeux en essayant de les arrêter. Disney, furieux que je lui retire notre ballon de foot des mains, commence à me lancer des cailloux. Junior le prend alors par les épaules et s’en va avec lui pour qu’il se calme. Comme nous commençons à partir, certains enfants se calment et nous demandent de rester, Sangry dit qu’il veut continuer de jouer, les autres s’en vont. Quelques minutes plus tard, Junior revient avec Disney. Ce dernier ne veut pas s’excuser, mais il dit au revoir à chacune de nous. Nous commençons à marcher et écoutons des enfants dire à Disney : « Pourquoi t’as fais ça ? Maintenant ils partent. »

Sur le chemin, Junior nous fait part de la discussion qu’il a eu avec ce jeune. Il nous dit qu’il lui a parlé de Cubain à Cubain, d’homme à homme. Junior a posé trois questions à ce jeune : « Tu sais d’où elles viennent ? De très loin… Tu sais pourquoi elles viennent ? Pour jouer avec toi, qui vis ici, pas pour faire du tourisme… Et tu sais ce que ne doit jamais faire un homme ? S’en prendre à une femme. » Disney l’a écouté sans dire un mot et finit par dire : « D’accord, mais ce n’est pas ma faute. »Il ne peut pas demander pardon, car le faire c’est reconnaître sa faute, reconnaître sa faute, c’est perdre. Et, ici, perdre est un signe de faiblesse, chose qui ne doit pas transparaître… Mais, ce qui n’est pas perdu, c’est l’échange qu’on eu Junior et Disney, car le premier a posé ses yeux sur le second avec calme, attention et amour.

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Héloïse du R.
Volontaire en mission à Cuba

« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. »

Claire est en mission au Point-Cœur de Cuba depuis déjà 20 mois. A un mois du départ, elle partage encore les amitiés qui l’émerveille au quotidien. 

La communauté devant le Point-Cœur : Claire, Kasia, Marcela et Tania

J’aimerais vous partager dans cette lettre mon émerveillement face à nos amitiés. Après un bon bout de temps ici, je goûte à la grâce de pouvoir vivre, jour après jour, les rires et les larmes de nos amis, de pouvoir partager des moments si simples et parfois très courts, mais tellement fondateurs pour construire et vivre une vraie amitié, source d’une vraie liberté…

Un ami si important est bien notre grand-père cubain, P., âgé de soixante-seize ans. Il a perdu sa fille dans un accident d’avion quand elle avait vingt ans, son fils a dû partir pour le Pérou et sa femme est décédée il y a deux ans et demi. Un homme qui a beaucoup souffert mais, depuis quelques mois, nous le voyons reprendre souffle, revivre… Un homme qui a de grandes blessures mais cela ne l’a pas rendu amer, bien au contraire, par sa présence, sa confiance et son affection, par sa simple amitié, Point-Cœur est devenu pour lui comme une famille. Il se désole toujours tant de n’avoir aucune nouvelle de ses petits-enfants mais, ici, il a comme trouvé une certaine consolation, il a trouvé un refuge, un ami qui écoute.

L. est aussi une grande amie qui, pour toute la communauté, est si importante dans notre mission. Cette dame de soixante ans, dont je vous ai déjà parlé, qui est alcoolique, que son fils traite au plus mal, qui a tenté de se suicider l’année dernière et qui cherche chaque jour un peu d’argent pour manger (on se demande comment elle paye ses bouteilles d’alcool.) L., qui souffre tant de sa solitude, encore aujourd’hui, est venue à moitié ivre, disant qu’elle était épuisée de vivre… Elle a perdu sa maman. C’était une grande dame élégante connue du quartier mais, depuis cette perte, elle erre dans les rues, titubante, et les voisins se moquent d’elle. Elle a des millions de problèmes de santé et ne trouve pas la force de s’occuper d’elle, vit seule dans sa maison et déteste voir du monde. Mais au Point-Cœur, comme elle a dit un jour en pleurant pendant une dizaine du chapelet, elle a trouvé la famille dont elle a toujours eu besoin… Elle est loin d’avoir trouvé une solution ou une guérison à tous ses problèmes, mais peut-être une consolation qui lui donne un peu plus de force pour se lever chaque matin. Elle a trouvé un lieu où elle peut pleurer, où elle peut crier sa douleur, un lieu où elle est juste aimée et consolée, un besoin qu’on a tous !

J’aimerais aussi vous présenter A. : un père de famille, qui a perdu sa femme il y a quatre mois. Un homme très discret, surtout depuis ce qui est arrivé. De fait, nous n’allons pas souvent le voir, il le dit lui-même. Il a mis et met encore du temps pour accepter le regard des autres. Un après-midi, nous sommes passées chez lui, tout en tentant de rester délicates pour ne pas le brusquer. D’un coup, il s’est dévoilé totalement. Sa confiance et sa simplicité m’ont fait monter des larmes… Sans poser aucune question, il nous expliqua tout de suite qu’il ne va plus à l’Eglise en ce moment, qu’il veut prendre du recul, ne veut pas de la pitié des gens. Il reconnaît en toute simplicité qu’il se sent encore trop faible pour assumer leur regard… Mais, à la fois, dans sa profonde douleur, il nous dit qu’il sent son épouse tellement présente autour d’eux, avec lui et chacun de leurs enfants, qu’elle est partie laissant un tas de problèmes et il sent combien, depuis là-haut, elle aide à ce que, petit à petit, tout se résolve… Il nous a aussi dit, les larmes aux yeux : « Je connais la Bible, mais maintenant je comprends cette phrase : « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. » » Une douleur si profonde, un cri silencieux mais perçant et, pourtant, il parvient toujours à regarder La lumière…

« Dans le fond, c’est ça la loi suprême de l’incarnation : l’Amour Infini est toujours capable de sortir du mal un bien meilleur » P. Thomas Philippe

S. du centre polyhandicapés

Un ami du centre de polyhandicapés, S., est un maître par excellence, car il a la grâce de savoir tirer un bien meilleur de sa souffrance. S. a fêté ses cinquante ans l’année dernière. Etant adolescent, il a fugué de chez lui, et a passé une jeunesse assez mouvementée… A l’âge de vingt-cinq ans, il a eu un accident, est devenu hémiplégique, ne sachant plus que bouger le haut de son corps, et est pratiquement tout le temps allongé sur le ventre pour d’autres raisons de santé. Face à cette situation, S. s’est beaucoup révolté jusqu’à perdre toute volonté d’avancer, de continuer de vivre… Les personnes de son entourage l’ont secoué (en tant que bons Cubains luchadores) et l’ont aidé à se relever. Cela fait presque vingt ans, maintenant, qu’il est dans ce centre et a développé tout un art, avec de la pâte à modeler, qu’il travaille avec la paume de sa main, tout en étant allongé sur le ventre. Participant à des concours, S. est connu comme l’unique artiste en son genre, dans son pays… Cet homme, comme certains là-bas, a toute sa tête, est bien (trop) conscient de la réalité qui l’entoure. Son handicap et son quotidien sont loin d’être faciles, mais il a décidé de lutter. Chaque jour, il a choisi la vie ! Comme il dit si bien « chacun a un don, le Seigneur nous les enseigne quand on en a besoin. » Une vie si pauvre mais il l’accueille et la vit de la meilleure manière qu’il le peut selon ce qu’il a… Un vrai chemin, son handicap !

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Claire D.
Volontaire en mission à Cuba

Féla, un concentré de tendresse à 105 ans !

La communauté du Point-Coeur de Cuba

Ramiro, Jirge et Féla, une longue histoire d’amour au coeur de quartier du Point-Coeur de La Havane ! Secret de longévité…

Il y a une maison dans laquelle nous nous rendons facilement, sans prévenir… que ce soit pour faire un petit coucou, demander de l’aide pour une réparation de dernière minute, ou boire un petit café : c’est celle de Ramiro, Jirge et Féla.

Féla a… plus de cent-cinq ans. Son secret de longévité ? Très simple ! Elle a eu quatorze enfants et vécu, jusqu’à ses quatre-vingt-dix ans, dans une maison, sans eau courante, ni électricité, complètement perdue au fond de la campagne cubaine. Il lui arrive de danser un petit peu, elle lave toujours son linge à la main. A cela, vous ajoutez : un paquet de cigarettes par jour, un litre de café et un humour ravageur. Exemple parfait pour arrêter de fumer ! Une petite anecdote : un jour, je suis allée lui rendre une petite visite. Elle fumait sa petite cigarette, tranquillement, dans le jardin, à côté des centaines d’orchidées de Ramiro (c’est un passionné). Le tout, en maudissant les canaris qui chantaient à tue-tête. A un moment, elle me tend sa petite trousse et me propose une cigarette. Je lui réponds que je ne fume pas. Là, elle s’arrête, me regarde avec stupeur en me demande : « Quoi ?! Et pourquoi ? » Je lui explique maladroitement, car vu son profil, ce n’est pas le bon exemple : « Parce que ce n’est pas bon pour la santé, Féla ! » Elle me regarde et rigole à moitié en disant : « Ahhhh muchachachaaa ! » Féla c’est un concentré de tendresse… Elle a le corps bien marqué par la vie ! Son grand désarroi est de ne plus avoir de cheveux… A chaque fois, elle nous en parle comme si une partie de sa féminité était partie ! Et, bien que nous lui répondions, à chaque fois, qu’elle est toute belle, rien n’y fait… elle souhaite re- trouver sa belle chevelure brune et bouclée. C’est touchant, car Jirge lui a tricoté pas mal de bonnets de couleurs différentes. Féla les porte en fonction de ses vêtements. Son regard reste pétillant et elle ne rate pas une occasion pour faire quelques petites blagues ! Ce qu’elle sait le mieux faire ce sont de longs « abrazo », de grands câlins, où elle nous murmure son traditionnel : « Ahhhhhh muchacha »… le tout avec sa voix de fumeuse toute rauque et de grandes bises. Et malgré son apparence bien fragile, je peux vous assurer qu’elle vous enlace avec une force assez incroyable. J’apprécie beaucoup aller la voir, lorsque j’ai un petit « coup de mou », car sa présence est une véritable consolation, tant elle nous offre sa tendresse, son « cariño cubano ». Jirge est sa dernière fille. Il y a quelques années, le fils de Féla est décédé. Il vivait avec elle et prenait soin d’elle. Au vu de son âge et des conditions de vie, il était impossible que Féla reste toute seule dans sa mai- son. Jirge et Ramiro l’ont donc accueillie chez eux. Jirge s’est arrêtée de travailler pour s’occuper de sa ma- man. Et oui, Féla a besoin d’une présence constante, elle ne peut jamais être toute seule. Être présent en- vers elle, c’est l’aider à se laver, à aller aux toilettes, préparer son repas, aller acheter ses cigarettes et, bien-sûr, « papoter » avec elle ! Jirge n’est pas un cas à part : beaucoup de Cubains s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs parents. Cela m’a intrigué, car je n’avais jamais vu cela… J’avais plus l’habitude des maisons de retraite.

Un jour, au cours d’une discussion, Jirge m’a expliqué pourquoi elle avait fait ce choix de vie. Tout cela réside dans l’Amour envers sa mère, sa reconnaissance envers elle, envers toute l’éducation qu’elle a reçue de sa part. Il y a aussi la situation économique de sa famille, qui lui a permis de s’arrêter de travailler. Chaque geste qu’elle fait envers sa maman, c’est avec un amour profond, un acte de gratitude… J’irais même jusqu’à dire que c’est un acte de foi, car elle prend soin d’elle avec gratuité, liberté et vérité. Elle ne « supporte » pas sa maman mais l’accompagne dans ses dernières années. Elle est tout simplement pré- sente. Quel exemple ! Ce qui me touche le plus c’est que, lorsqu’elle en parle — et je peux vous assurer que c’est toujours avec une grande émotion —, c’est plus que visible que cela la mène vers une félicité. Bien que ce ne soit pas simple tous les jours, Jirge sait, au plus profond de son cœur, pourquoi elle reste présente pour sa maman : c’est un acte d’Amour profond. En rien, elle ne regrette son choix de vie. En rien, elle ne regrette de ne plus aller travailler, voir ses an- ciens collègues. Et même si, de temps en temps, elle souhaite sortir un petit peu plus, elle dit : « C’est si naturel pour moi de prendre soin d’elle… Elle a tellement pris soin de moi, elle m’a tellement aidé ! C’est aussi ma façon de la remercier pour tous les sacrifices qu’elle a fait pour nous. »

Quel témoignage que celui de Jirge… Quel témoignage, qui m’amène à me demander ce que je ferais à sa place, qui me fait penser à toutes ces personnes âgées dans des maisons de retraite, qui ne voient leur fa- mille que deux à trois fois par an. Je pense à tous ces grands-parents, qui ne voient plus leurs enfants et petits-enfants. La solitude de la vieillesse ! Quand vous voyez Féla, c’est impossible de rester insensible ! Quand vous allez voir Fabiola (cette petite dame dont je vous ai parlé dans ma dernière lettre), les histoires de Paco (un voisin), c’est impossible de se dire que la vulnérabilité du corps nous conduit à une inutilité sociale.

Dans son choix de vie, Jirge me montre la beauté de la vieillesse et l’importance capitale des personnes âgées, au sein de la famille et, plus profondément, de la société. Et surtout, elle me révèle la beauté de leurs cœurs, car, même si le corps se dégrade petit à petit, le cœur, lui, reste intact… Féla me donne envie de vivre jusqu’à cent-cinq ans ! Après, pour ce qui est des quatorze enfants et de laver son linge à la main, … cela reste à confirmer !

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Guillemette E.
En mission à Cuba

Fabiola laisse découvrir la beauté de son cœur

Lors de ces visites à la maison de retraite proche du Point-Cœur de la Havane, Guillemette découvre des âmes seules, des cœurs assoiffés, Fabiola est une de ces mystérieuses rencontres.

Thelma et Guillemette en pleine lecture

Chaque jeudi après-­‐midi, nous allons leur rendre visite dans une maison de retraite, appartenant à notre paroisse. Ce sont mes grandes copines, qui ont en moyenne quatre-­vingt-­dix ans. Soit dit en passant, hier, une d’entre elles a fêté ses cent-­‐trois ans ! Cela me donne beaucoup d’espérance de vie !! A vous aussi, j’espère ? J’aime beaucoup les voir, discuter avec elles, car elles ont le mérite de l’âge, de l’expérience. Dans une grande simplicité, sans aller par quatre chemins, elles me donnent beaucoup de conseils et me font part de leurs aventures de jeunesses, de leurs histoires, leurs joies et leurs souffrances. Cela m’enrichit beaucoup, car elles sont d’une grande sagesse et certaines sont dotées d’un humour ravageur ! Il y a quelques semaines, alors que je déambulais dans la maison de retraite, je vois une petite dame, toute chétive, assise en face de son déambulateur. Je ne l’avais jamais vue. Elle discutait avec un monsieur. J’avais bien envie d’aller la saluer mais peur de la déranger dans sa conversation. Je poursuis ma route et la regarde en lui adressant un sourire et le traditionnel buenas tardes ! Ses yeux pétillants me fixent, et, en agitant son bras tout maigre, elle me propose de venir m’assoir. Elle s’appelle Fabiola, quatre­‐vingt‐seize ans. Son regard continue de me fixer, elle me pose quelques questions (le pauvre monsieur ne pouvait plus vraiment parler !) Après avoir su que j’étais Française, la voilà qui se met à me parler un français parfait, avec un accent incroyable. Je tombe des nues ! Fabiola a été professeur de français et d’anglais… Et, malgré son âge, elle n’a rien perdu ! Incroyable. C’est une femme qui n’apprécie pas de parler d’elle, elle m’a donc posé pas mal des questions… Petit à petit, nous parlions un « français/espagnol » assez cocasse. Elle est toute belle Fabiola ! En partant, elle m’offre une médaille miraculeuse et je lui promets de lui en rapporter une de Lourdes, car elle a une grande dévotion envers la Vierge de Lourdes. Le temps défile et, un jour, je vais la revoir, car j’avais une promesse à tenir et ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas vues (elle reste pratiquement tout le temps dans sa chambre et ne parle à personne). J’étais sûre qu’elle n’allait pas me reconnaître et, encore moins, se souvenir de mon prénom… Je rentre. Elle regardait la chaîne sportive de sa petite télévision, c’est une grande amatrice. Toujours aussi chétive, avec sa petite barrette dans les cheveux. Je vous assure qu’elle est vraiment toute belle Fabiola ! Elle me regarde et me dit « Ah ! Guillemette ! Je t’attendais depuis un certain temps !! » Je suis plus qu’impressionnée et touchée… Comme promis, je lui offre cette fameuse médaille, qu’elle reçoit comme un trésor. Nous nous mettons à discuter de tout : économie, sport, politique… Elle était assez curieuse de connaître notre situation en France, surtout durant la période des élections. Elle se souvenait de toute notre discussion antérieure et me demande des nouvelles de ma famille… bref, elle m’a beaucoup marquée car, à travers ses questions, j’ai perçu une soif d’amitié, une soif de rencontre. C’est une femme qui a un fort caractère et qui s’isole, je crois qu’elle a peu d’amis. Je ne saurais pas comment vous l’expliquer, mais il a suffit d’une seule conversation, toute banale, pour qu’il y ait une vraie rencontre. Il suffisait de peu… juste de prendre le temps de discuter ensemble, de tout et de rien, mais avec un réel désir de connaître l’autre. C’est ce qui s’est passé avec Fabiola. Nous ne nous voyons pas à chaque fois que je vais à cet apostolat. Mais, lorsque c’est le cas, c’est comme si nous nous étions quittées la veille. Il y a quelque chose d’assez mystérieux. Jamais je n’aurais imaginé vivre cela. C’est une vraie grand-­mère car lorsque je vais la voir, je repars toujours avec des biscottes et des caramels… Elle est unique, Fabiola. Je vous souhaite de vivre cela, de vous laisser surprendre par une amitié soudaine et la beauté de cœur de l’autre.

 

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Guillemette E.
Volontaire au Point-Cœur de Cuba

« Dans la souffrance, tout le monde s’enfuit, mais vous, c’est là que vous restez »

Claire est en mission à Cuba où elle découvre toujours plus profondément la souffrance de leurs amis et en même temps de la puissance de la simple présence. 

Après la messe de Pâques à la Havane, avec quelques amis

Chaque mardi soir, on se retrouve pour l’école de communauté (partage sur un texte lu pendant la semaine). Nous nous réunissons avec N. et F., de la Fraternité Maximilien-Kolbe, et un couple de jeunes mariés A. et A. Il y a un mois, nous avons appris qu’A. était enceinte. Seulement, elle devait rester chez elle, sans bouger, car elle risquait de perdre son bébé. Sa paix, sa confiance et sa positivité m’ont profondément touchée. Il y a une semaine, ils ont perdu leur bébé… Après deux jours sans vouloir parler à personne, ils ont commencé à s’ouvrir. Quand nous sommes allées les voir, A. nous a beaucoup parlé… Face à une incompréhension et une révolte on ne sait pas comment réagir parfois… Mais n’ont-ils pas juste besoin de notre présence, que leurs amis soient là, auprès d’eux, sans essayer de trouver une solution, mais d’être là, de les aimer, aussi dans leur souffrance ! Après la vigile pascale, ils sont passés à la maison pour boire un chocolat chaud ; un peu moroses, ils restaient fidèles à eux-mêmes : vouloir juste être là, entourés de leurs amis dans ce moment de joie, un cadeau ! Eux, comme beaucoup d’autres, me marquent par leur confiance et leur optimisme. Beaucoup auraient de quoi couler, mais ils se battent tellement, jusqu’au bout…

Il y a quelques semaines, nous sommes allées voir R. et son frère A. R. était très malade, nous ne l’avions jamais vu comme ça. Un homme si sage, qui prêche sa foi dès qu’il le peut et, là, au cœur de sa souffrance, de ses peurs, il semblait si fragile, si pauvre. Nous avons passé l’après-midi à la polyclinique avec eux, en attendant les analyses et les avis des médecins. Je me souviendrai toujours de ce qu’il nous a dit ce jour-là : « Dans la souffrance, tout le monde s’enfuit, mais vous, c’est là que vous restez ». Ce moment a été pour lui essentiel dans notre amitié. Il nous en reparle à chaque fois.

L. a passé le dimanche de Pâques au Point-Cœur avec d’autres de nos amis. Comme souvent, elle sentait l’alcool. Au début de la semaine, elle a sonné à notre porte, seule, les veines entaillées… Elle disait vouloir s’endormir et ne plus jamais se réveiller… Quoi de plus grand comme cri du cœur : « Regardez-moi, aidez-moi, je ne peux plus ! » Depuis ce moment, nous allons la voir tous les jours ; petit à petit, elle sourit et l’entendre rire est le plus beau cadeau. Comme si notre simple présence l’aidait à trouver un sens.

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Claire D.
Volontaire à Cuba

Le langage d’amour des débuts de mission

cuba-communaute

Kasia, Sr Eleonore, Assunta, Guillemette et Claire

Guillemette vient d’arriver au Point-Cœur de Cuba et nous présente Rey auprès de qui le langage de l’amour est sans mot.

Découvrir la culture cubaine, son fonctionnement, est passionnant. Faire connaissance avec les amis, encore plus. Mais, pour cela, il faut passer par l’étape du dépouillement. Et oui… Ce n’est pas simple d’avoir une conversation et de comprendre l’autre, sans parler la langue. J’ai l’impression d’être une enfant qui doit tout apprendre. Et pas seulement pour cela… Utiliser une nouvelle monnaie (deux en l’occurrence), comprendre le système des courses, cuisiner de nouveaux aliments, vivre dans une autre temporalité avec une météo particulière, prier en espagnol. J’apprends donc à me faire toute petite et à recevoir des autres. Exercice inhabituel mais nécessaire et… salvateur ! Je peux donc vous certifier que je vis la compassion à travers le regard et la patience de mes sœurs de communauté, et des amis que je rencontre. Comme vous le comprenez, je ne peux pas encore discuter trop longtemps avec les Cubains. Figurez-­vous que cela ne m’empêche en rien de créer des liens, bien au contraire. Ce que je vis, c’est la présence, véritablement : être assise, boire un café sans dire grand-­chose, mais tout en étant attentive à l’autre. Et pour cela… il existe un autre langage. Celui du corps !
Laissez-­moi vous présenter une personne, qui est le reflet parfait de cette si belle langue. Chaque mardi, nous allons dans un hôpital qui accueille des personnes polyhandicapées, femmes et hommes de tout âge. Ces dernières n’ont pratiquement pas accès à la parole, et celles qui le peuvent sont difficilement audibles. Je ne vous cache pas que c’est assez impressionnant. Je reste donc là, assise au milieu de tous ces fauteuils, et les regarde chacun tout en posant ma main sur la leur. Ce geste, ce simple geste peut avoir un impact si fort… que même une parole ne pourrait suffire. Au cours d’une visite je me promenais dans le couloir, à l’étage des hommes. Là, j’aperçois un monsieur en fauteuil, prostré, le regard vide. Il ne bouge pas, ne transmet aucune expression. Il est comme « déconnecté ». Il a l’air d’attendre quelque chose ou quelqu’un, qui, vraisemblablement, n’arrivera pas. À ce moment-­là, je suis tellement impressionnée par cette détresse et cette violence de la solitude, si flagrante, que je n’ai qu’une envie : partir. Ce qui me pousse à y aller, sans trop savoir quoi faire, quoi dire. Je ne connais même pas son prénom, je ne sais même pas ce qu’il va comprendre, comment il va réagir. Je m’approche, me tords dans tous les sens pour trouver son regard. Enfin, nos yeux se croisent ! Pas de réaction. J’ai beau parler, lui poser des questions, dire qui je suis… Il ne réagit pas, ne me regarde pas. J’ai l’impression d’être invisible. Impuissante et touchée, je m’accroupis à côté de lui, pose ma main sur la sienne tout en le regardant. Et là… Je vous assure, cet homme passe du tout au tout ! Il tourne sa tête vers moi, me sourit, ses yeux pétillent. Il met sa main sur la mienne et me montre ses poignets et ses bracelets. Je fais de même. Sa deuxième main vient se poser sur la mienne. Et nous restons là… sans rien dire. Car, comme je vous l’ai expliqué, ce n’était pas nécessaire. Il s’appelle Rey et ne demande qu’une chose : être regardé simplement, être aimé pour ce qu’il est, avoir une présence simple mais réelle ! Sans cela, il peut recevoir tous les soins du monde, cela ne le rendra pas plus heureux qu’un autre. Comment ne pas penser à ce si beau texte de Saint Paul ? « J’ai beau parler toutes les langues de la terre, s’il me manque l’Amour, je ne suis rien ». Je vous souhaite de vivre cette expérience !

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Guillemette E.
Volontaire au Point-Cœur de La Havane

Le retour de Cuba, la transition, l’amitié avec Fabien

COmmunauteCUBA-NL

Communauté de Cuba

Les aurevoirs pendant lesquels « l’apparent banal prend une autre saveur » : Marie raconte ce dernier mois à Cuba.

Un retour, ça s’anticipe avant même le départ. Il grandit et prend de plus en plus de place dans le quotidien. Tout commence par la réception du billet d’avion : le 25 juillet, 14h45, départ de la Havane, arrivée à Paris le 26 juillet, 14h30. Rien de plus concret, de plus officiel. Dès ce moment, je porte un regard différent sur tout ce qui m’entoure, des personnes qui partagent ma vie aux moindres petits détails de mon quotidien. Tout prend, par son aspect éphémère, plus de consistance et d’importance. La Havane, à la fois vivante et nonchalante, ses rues fleuries, habillées de palmiers, son air humide et chaud, son grand ciel bleu lumineux, aux couleurs nuancées à la tombée du jour. Sa vie trépidante : les conversations joyeuses et animées aux coins des rues, ou dans les longues files d’attente, les enfants qui jouent dans les rues, les joueurs de dominos installés dehors… Les cris des vendeurs ambulants « Flore, Floreroooo ! » (Fleurs !), le son de la sonnette, pourtant si strident, qui me rappelle pourquoi je suis ici. Et surtout, nos amis : ceux qui viennent quotidiennement et qui font partie de la maison. Ceux que l’on croise dans les rues et qui nous racontent avec simplicité les petites anecdotes du quotidien. Ceux qui nous ouvrent leurs portes et qui nous laissent entrer dans leur histoire, avec simplicité et confiance. L’apparent banal a alors une autre saveur.

Durant le dernier mois qui précédait mon départ, j’ai particulièrement reçu. Avec Violeta, volontaire mexicaine qui partait également au mois de juillet, nous avons organisé une fête de départ et une messe d’action de grâces, en présence de tous nos amis, au Point-­Cœur. Pour moi, c’était un cadeau immense d’avoir tous nos amis réunis, ceux dont l’histoire a rythmé mon quotidien pendant deux ans. Durant plusieurs semaines, nous avons pris le temps de visiter une dernière fois chacun de nos amis. C’était un moment privilégié vécu avec chacun. Beaucoup d’entre eux, particulièrement les personnes âgées, tentaient de me transmettre, durant nos derniers échanges, ce qui pour eux était l’essentiel, l’ « enseignement » qu’ils ressortaient de leur longue expérience de vie : l’importance de la famille, la foi, comment faire face aux difficultés… Je recevais ainsi ces concentrés de vie, que je voudrais maintenant garder précieusement. Une semaine avant mon départ est arrivée Kasia, une nouvelle volontaire polonaise de trente ans. Sa présence durant mes derniers jours à Cuba m’a aidée à vivre ce départ avec paix. Son regard neuf et émerveillé m’a permis de prendre de la distance, et de prendre davantage conscience de la beauté de ce que je vis. Ses questions me poussaient à lui transmettre tout ce que j’ai reçu, autant sur les petites choses du quotidien que mon regard sur nos amis et sur Cuba. L’occasion pour moi de faire le relais, et d’accepter avec plus d’humilité que cette mission n’est pas mienne.

Au Point-­Cœur de Cuba, beaucoup de jeunes trouvent un espace d’échange et de convivialité. Tous les mercredis soirs, nous les accueillons pour un temps assez simple de jeux de société, et, un dimanche sur deux, nous organisons une rencontre culturelle (autour d’un film, d’un témoignage, sur un texte…). Au départ, je percevais mal le sens de notre présence auprès d’eux. Au fur et à mesure, j’ai découvert leurs histoires personnelles et surtout la souffrance de ce pays. Cuba reste un pays pauvre où les perspectives d’avenir sont très limitées. Chaque jour, nombreux sont les Cubains qui s’en vont pour aller vivre, pour la plupart, aux États-­Unis. Cette situation a pour conséquence la séparation et la division des familles, la solitude de beaucoup. Nombreux sont les jeunes qui ont perdu tous leurs amis et se sentent isolés. Ils sont souvent sans espoir quant à l’avenir de leur pays, et leur unique objectif est de partir. Dans ce contexte, Points-­Cœur est un lieu où ils peuvent se rencontrer et s’exprimer librement. Il s’y crée des amitiés, et nous tentons, à travers nos rencontres culturelles, de transmettre un regard d’espérance sur leur réalité. Rappelez-vous, Fabien est ce jeune homme d’une trentaine d’années. Blessé par le départ de sa mère, enfant, il est imprégné par cet abandon. Anxieux et fragile, il se protège avec une certaine distance qu’il impose avec les personnes qui l’entourent, et il se cache derrière des valeurs où l’argent, le pouvoir et le bien-­être personnel sont une fin. Au Point-­Cœur, il s’est ouvert petit à petit, et dit avoir rencontré de vrais amis. Cependant, il garde une position ferme quant à ses idées. Durant ma dernière soirée au Point-­Cœur, les jeunes adultes sont à la maison, il y règne une belle ambiance. Mais Fabien garde le visage fermé. Il dit se sentir mal et veut partir, je l’accompagne donc. Moment privilégié au pied de la porte, où nous échangeons sur notre vision du sens de la vie. Il affirme encore que, pour lui, le but de la vie sont la richesse et la gloire, « quant à l’amitié, c’est dépendre des autres, et moi, je ne veux dépendre de personne ». S’attacher à quelqu’un, c’est se confronter de nouveau à la peur de l’abandon ; lui se protège des blessures du passé. Avec son histoire, je ne peux que le comprendre. Tout simplement, je lui parle de ma mission à Cuba, ma découverte de la joie du don de soi, l’importance de l’amitié. Je lui avoue aussi combien il est douloureux pour moi de partir, après deux ans ici, de quitter toutes ces personnes qui me sont devenues chères. Qu’il aurait été plus simple pour moi de rester en France et d’éviter la douleur des « au revoir ». Mais que, pour rien au monde, je ne regrettais cette expérience. Fabien m’écoute, mais conclut que nous sommes différents. Nous nous séparons. Le lendemain matin, c’est l’euphorie du départ : la valise, les derniers « au revoir »… Et puis, cet appel inattendu : Fabien, qui me dit avoir pensé beaucoup à notre conversation : « Tu as raison, je me suis trompé sur l’essentiel… On garde contact, hein ? »

 

 Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC.
Volontaire à Cuba

« Pourquoi le Seigneur me permet-il de vivre ça ? J’ai compris que c’était pour me sauver. »

Sr Eleonore, Roki, Marie, Ola, Assunta et Magda

Sr Eleonore, Roki, Marie, Ola, Assunta et Magda (2015)

Marie est à Cuba depuis presque deux ans, elle nous parle de ses rencontres au centre pour personnes polyhandicapées où elle apprend un nouveau regard sur la différence, grâce à Luis, Pedro, Mily etc.

Il y a cette réalité douloureuse : la fragilité humaine mentale et physique qui s’offre à nous. Et puis une question qui s’impose : Pourquoi ? Le mystère est grand quand on est face à la souffrance. Cela fait maintenant presque vingt mois que je vais régulièrement à ce centre pour personnes polyhandicapées. Avec le temps, les rencontres que j’y ai faites, me donnent multiples réponses, comme si chaque personne donnait sens par son unicité. Ici, j’ai créé de belles amitiés qui se construisent parfois dans le silence d’une présence, par un sourire, un regard, un geste.

Là-bas, on y rencontre aussi le souriant Pedro, priant le chapelet avec tant de volonté et de foi malgré son handicap, les gestes maladroits qui rend la tâche difficile et les mots peu audibles. Et qui durant la messe, se jette littéralement au sol de sa chaise roulante, pour s’agenouiller face au saint sacrement. Pedro avec qui je joue le facteur, transmettant des petits cadeaux à sa copine Odalis.

e ne résiste pas non plus à vous parler encore une fois de Milagro (Miracle) que l’on appelle Mily qui est devenue une très bonne amie. Mily est une jeune femme d’une trentaine d’années, une présence joyeuse et rayonnante par un grand sourire qui illumine son visage aux traits fins. Elle est en chaise roulante et se déplace grâce à ses jambes ; son torse et ses bras étant presque paralysés. Mily ne parle pas, mais sait se faire comprendre, elle a un visage si expressif et utilise ses jambes et ses pieds pour s’exprimer. Pour répondre par oui ou par non à mes questions, elle secoue son pied dans un sens ou dans l’autre. C’est ainsi que nous conversons. Mily est toujours équipée d’un ou deux sacs où elle emmagasine ses trésors : deux photos de sa famille qu’elle aime me monter, des feuilles de papier, un peigne, des stylos, des élastiques, du vernis, une peluche… A l’aide de son pied, elle va chercher dans son sac ce qu’elle veut me montrer, elle a toujours une idée bien précise et m’impressionne par sa ferme volonté et ses exigences. Depuis mes débuts à Cuba, notre amitié a grandi malgré l’absence de mots et nos échanges parfois limités, mais comme tant d’autres ici, elle me permet de prendre conscience, comme l’écrit le père Jérôme, que « l’amour, l’amitié ont une exigence principale : la présence mutuelle » qui va bien au-delà des mots.

Je souhaiterais vous présenter Luis que j’ai rencontré il y a peu et dont l’histoire est un enseignement pour ma vie. J’aimerais vous la partager. Je rencontre Luis pour la première fois dans ce grand dortoir d’hommes, où il doit être probablement l’unique qui ne soit pas atteint d’un handicap mental. Luis a une quarantaine d’années, il a le corps maigre, la peau noire, il porte fièrement une barbe et son visage aux traits fins dégage une belle sérénité. Luis m’accueille chaleureusement et ne tarde pas à me raconter son histoire.
Il commence à me raconter sa conversion lorsqu’il avait huit ans : il visitait une église et face à une statue du Christ sur la croix, c’est le choc, la rencontre, il décide alors de se faire baptiser rapidement. Son entourage ne lui permet pas de vivre sa foi et il s’éloigne petit à petit de l’Église. Les années passent, Luis devient un adulte rebelle, il vit dans des quartiers violents, il se livre à des bagarres, boit beaucoup d’alcool, se drogue. Il se décrivait comme « imbu de lui-même et arrogant ». Un grave accident met fin à tout cela. Depuis, il est en partie paralysé et est envoyé dans ce centre pour personnes handicapées, « entouré de fous ! « >» comme il le dit. Seul, il devient aigri, dépressif et se renferme sur lui-même. Il fait la connaissance d’une religieuse qui travaille dans le centre et avec qui il se lie d’amitié :« Elle ne parlait pas de Dieu, de tout ça, elle prenait simplement le temps de m’écouter. » Un jour, elle propose de lui prêter un livre, l’autobiographie d’un homme atteint d’une grave maladie mais qui le vit avec une profonde foi. Tout au long de la lecture, Luis a commencé à se poser des questions : «Comment cet homme qui a eu une vie si douloureuse peut il être aussi heureux ? » et puis des réponses surgissent : « Moi qui était en colère contre ma situation, j’ai compris que le problème n’était pas Dieu, mais moi, ma manière de vivre les choses ». Fruit de ses lectures et de longues conversations avec la religieuse, Luis fait une véritable rencontre avec le Christ. «Je me posais beaucoup de questions : mais pourquoi suis-je dans cette situation ? Mais finalement, la question est passée du pourquoi à pour quoi. Pourquoi le Seigneur me permet-il de vivre ça ? J’ai compris que c’était pour me sauver. Avant, j’étais perdu, violent, sans sens moral. Je n’étais pas heureux. Si je n’étais pas passé par là, je serais sans doute mort par la drogue, la violence. Ici, j’ai rencontré le Christ, je sais qu’il m’aime et que je ne serais jamais seul. Avant je n‘étais jamais satisfait de ce que j’avais, on veut toujours plus tu sais, une belle maison, une meilleure copine… Maintenant je remercie le Christ pour ce que j’ai : la vue, le mental… »
Un soir, alors qu’il était désespéré et se sentait profondément seul, il demanda au Seigneur un signe de sa présence. Le signe ne tardera pas, une colombe s’installa sur la fenêtre juste au dessus de son lit et se mit à roucouler. Elle reviendra tous les soirs, elle y a installé son nid. Son chant quotidien lui rappel qu’il n’est jamais seul.
Je repars de cette rencontre, l’odeur, les cris, l’agitation qui règnent dans la salle contrastent avec le visage paisible de Luis.Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC.
Volontaire au Points-Coeur de Cuba

Señor Ruben et Dianet, amis de jeux !

Au Point-Cœur de Cuba, Marie accueille grands et petits et la simplicité du jeu allège les cœurs lourds…

SenorRuben-Dianet-Cuba

Señor Ruben et Dianet au Point-Cœur de Cuba

Señor Ruben (ami de soixante-dix-sept ans) arrive comme régulièrement au Point-Cœur, chargé de son chariot. Quand je lui demande comment il va, il me répond : « Mal ! » Comme bien souvent, il est préoccupé de ne pas trouver cigares et gâteaux qu’il vend dans la rue et est blessé par les personnes qui l’entourent. Il se plaint de mensonges, de vols et des méfaits de l’alcool. « Il y a tant de personnes mauvaises » me dit-il régulièrement comme un refrain. Il peut rester à parler en boucle et durant des heures de ses difficultés et de la méchanceté des hommes, ses pensées négatives dont il avoue lui-même avoir du mal à en sortir. Mais ce jour-là, à la maison, il n’est pas seul : Dianet, une jeune fille dynamique et joviale de douze ans est avec moi. Celle-ci le salue et lui propose de jouer aux dames. Les voilà tous les deux pris dans une partie de jeu de dames et moi qui tente maladroitement de les conseiller. Señor Ruben gagne bien sûr à chaque partie. Dianet en rit et joue la désespérée : « Oh non, j’ai encore perdu ! C’est que vous avez beaucoup d’années d’expérience. » Cela fait sourire Señor Ruben qui commence à se détendre et lui explique ses tactiques. Ensuite nous jouons aux cartes, la spontanéité de Dianet donne un peu plus de joie et de légèreté à l’atmosphère. « Bon et maintenant on joue à la corde à sauter ! » s’anime Dianet. J’accepte, Señor Ruben quand à lui, se renferme. Mais Dianet ajoute : « Ah ! Mais vous n’allez pas rester tout seul Señor Ruben ! Venez avec nous. Au moins vous tenez la corde à sauter. » Et voilà Señor Ruben qui tient timidement et maladroitement la corde à sauter, et très vite rit à me voir tenter de suivre le rythme. Un simple après-midi au sein de notre Point-Cœur où la rencontre de Dianet, a permis à Señor Ruben, l’histoire de quelques heures, à s’échapper de ses idées noires et de vivre un moment d’amitié avec simplicité. Ce jour-là, il partira de la maison un peu plus léger.Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC.
Volontaire au Point-Cœur de Cuba

Fabien, nouvel ami du Point-Cœur de Cuba

De Cuba, Marie nous raconte le chemin de confiance et d’ouverture de ce grand gaillard à qui personne ne fêtait l’anniversaire…

Fabien et les jeunes au Point-Coeur de Cuba

Fabien et les jeunes au Point-Cœur de Cuba

Fabien est jeune, il a trente ans, il est grand, musclé. Mais Fabien a le regard fuyant, les gestes nerveux, rapides, révélateurs d’une gêne, d’un stress. Alexandra (la volontaire polonaise) l’a rencontré pour la première fois dans la salle d’attente du psychiatre du quartier, alors qu’elle y accompagnait Suset. Très vite la conversation engagée, il lui raconte son histoire : sa mère est partie aux Etats-­Unis quand il avait cinq ans, il ne l’a pas revue depuis et a très peu de nouvelles. Il a été éduqué par sa grand-­mère, mais depuis cet abandon, il garde en lui cette absence, ce manque et un vif sentiment d’être rejeté. Alexandra lui proposa de venir les mercredis soir à la maison où nous accueillons les jeunes pour un temps convivial où nous jouons aux jeux de société. Le mercredi qui suit, Fabien est donc chez nous, discret, son apparence imposante contraste avec sa timidité, il garde ses distances. Nous discutons avec lui, je perçois son mal aise, sa nervosité. Cependant, il entre dans la conversation et s’intègre petit à petit aux jeux, dans lesquels il a besoin d’être introduit avec délicatesse, il manque terriblement de confiance en lui. Le lendemain, nous recevons un appel enthousiaste de sa part : « Je voulais vous remercier pour hier, j’ai passé une super soirée. A vrai dire, je ne m’étais rarement senti aussi bien, aussi bien accueilli. Il y a une joie, une paix dans cette maison que je n’avais jamais ressentie auparavant. » Les mercredis qui suivent, Fabien est présent, fidèle et même à chaque fois très en avance. Il assiste donc aux vêpres : la prière du soir, on le sent très ému. Il nous interroge : « Mais en quoi croyez vous ? » Et il ajoute : « Moi, je ne connais rien de tout ça, je ne suis pas baptisé, je ne suis jamais rentré dans une église. Mais je sens qu’il y a quelque chose ici, une présence. » Les mois passent, son angoisse et son manque de confiance en lui s’apaisent. Il s’intègre dans le groupe des jeunes avec qui il crée des liens. On sent qu’il veut s’impliquer dans notre mission, qu’il veut nous faire confiance. Quand nous lui proposons de jouer dans la pièce de théâtre du Petit Prince que nous voulons présenter pour les vingt-­cinq ans de Points-Cœur, il panique, mais s’implique avec enthousiasme pour la musique, la mise en scène. Il vient de temps en temps jouer avec nous avec les enfants du quartier Marti, où il y trouve une véritable joie. Pour ses trente ans, nous l’invitons à la maison. Ce jour-­là, Fabien ne viendra pas. Il appellera un peu plus tard, penaud : « Je n’ai pas osé vous dire que je ne voulais pas fêter mon anniversaire. Ce jour me déprime, je préfère rester dans ma chambre, seul. » Nous le revoyons une semaine après, où nous en profitons pour lui glisser son cadeau d’anniversaire : un livre et le chapelet vert qu’il aime nous emprunter nous disant que c’est celui qu’il préfère. Quand il voit le paquet, il cache son visage, visiblement touché, ému. Il met du temps à l’ouvrir, quand il sort enfin le chapelet, ses mains tremblent et de grosses larmes coulent sur ses joues. Nous sommes tous un peu troublés de voir ce grand gaillard de trente ans pleurer à chaudes larmes. « C’est qu’on ne fête jamais mon anniversaire et ma mère n’y pense jamais. » réussit-­il à articuler. Plus tard, il m’avouera comme une confidence : « Tu sais, chez vous j’ai rencontré l’amitié, la véritable amitié, avec vous, avec les jeunes qui viennent.»Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC.
Volontaire au Point-Cœur de Cuba

Santos, « l’homme crie où son fer le ronge et sa plaie engendre un soleil » (Aragon)

Santos, que nous présente Marie du Point-Cœur de Cuba, est un homme étonnant :

Santos-Cuba

Santos, ami du Point-Cœur de Cuba

J’ai fait il y a quelques mois, une rencontre improbable dans le centre pour personnes polyhandicapées où nous allons tous les mardis : Santos, un homme de quarante-deux ans. Suite à un accident de voiture lorsqu’il avait vingt-cinq ans, il est atteint d’un très lourd handicap physique : il est en chaise roulante, ne peut pas marcher, il a des mouvements saccadés et les doigts paralysés. Conscient de son handicap, il a commencé à faire une lourde dépression, rejetant avec colère toutes les personnes qui l’entouraient pendant plusieurs années. Pour lui, la vie n’avait plus de sens. Un jour sa psychopédagogue lui dit : « Santos, ce n’est plus possible, tu ne peux pas continuer à t’enfoncer comme ça. Tiens, prends cette pâte à modeler et fait quelque chose, n’importe quoi. » C’est de là que tout commença. Aujourd’hui Santos est un artiste. Il crée ses œuvres avec de la pâte à modeler qu’il étale sur des feuilles en plastique de médecine formant ainsi des dessins. C’est très impressionnant de le regarder faire. Il fait rouler la pâte à modeler avec son poignet et l’étale petit à petit avec son ongle, malgré son handicap qui rend le travail fastidieux. Il met deux à trois jours de tra-
vail intensif pour faire un dessin. Le résultat est étonnant, improbable, unique. Il reproduit des scènes de la bible, des scènes de la vie de tous les jours dans son centre. Il y a peu, il se consacre aux visages parfois déformés qu’il rencontre au quotidien. Son art qui est unique attire un grand nombre de personnes de l’extérieur qui viennent le visiter. Il gagne un grand nombre de concours et aime offrir ses dessins. Il aime raconter son histoire, sa technique, son art avec joie et enthousiasme. Santos a su trouver sa vocation, son bonheur dans ce centre qui peut paraître bien sombre, lui apportant un peu de couleur et de fantaisie.
Il nous apprend qu’« il faut que chacun de nous ait une passion qui soutienne son élan et que chaque jour lui permette un nouveau départ. Alors il comprend qu’on ne peut entrer au paradis, il faut le devenir. » (Maurice Zundel)Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC
Volontaire en mission au Point-Cœur de Cuba

A la maison pour personnes âgées, à Cuba

Chaque semaine, le Point-Cœur de La Havane va visiter les pensionnaires d’une maison de retraite. Marie nous présente des visages qui deviennent familiers et chers.

Maison retraite Cuba

Maison de retraite, Cuba

Comme tous les jeudis après-­midi, nous entrons dans l’atmosphère paisible et chaleureuse de la maison de retraite Paula. Là-­bas nous retrouvons une centaine de petites grands-­mères qui recherchent une oreille attentive pour nous parler de leurs maux, du manque, de leur vie, des absences, de la solitude, de leur pays… Nous entrons dans un jardin verdoyant et fleuri.

Une main se glisse dans la mienne, c’est celle de Kenny, une jeune fille d’une trentaine d’années. Kenny est atteinte d’un handicap mental et a été abandonnée à l’âge de quatre ans, elle a donc été recueillie à Paula. Entourée de toutes ces mamans qui en prennent bien soin, elle est cependant très sensible à tout départ et moments de solitude qui la mettent en état de crise. Kenny me regarde avec ses grands et superbes yeux bleus-­‐verts, avec son éternel pincement aux lèvres et ses gestes qui tremblent. Elle me sourit, et me fait comprendre avec insistance qu’elle veut qu’on se promène. Kenny ne parle pas. Nous marchons donc dans le silence, plein de notre présence mutuelle.
Dans le grand couloir, j’entends la voix aiguë et bien identifiable de Teresita qui me crie : « Reza por mi ! » (Prie pour moi). Je m’approche de cette femme de quatre-­‐vingt ans ans, corpulente, dont les gestes sont brusques, au balancement permanent, qui m’enlace avec force et vigueur, en insistant une seconde fois : « Reza por mi ! » Teresita n’a pas toute sa tête et me répète cette phrase en boucle. Jusqu’alors j’ai rarement pris le temps de rester avec elle, probablement impressionnée par son fort caractère et son attitude peu commune. Très vite, elle me demande de prier le chapelet avec elle, « parce que j’addooooorrre le chapelet ! » Je m’exécute. Quand elle prie, elle crie fort et a un rythme accéléré, j’ai du mal à la suivre, à être réellement présente à la prière. Mais très vite, je découvre une belle facette de sa personnalité. Tout d’abord sa grande confiance, sa foi et son grand dévouement à la prière, mais en particulier à travers ses intentions, je découvre combien elle est présente, attentive à ceux qui l’entourent, à leurs souffrances : « Seigneur, je te confie la dépression d’Isabelle, les douleurs aux dos de Fela, le rendez-­vous médical de Consuelo, la scolarité du petit-­fils de Mercedes, le frère de Célia… » Elle énumère ainsi tous les maux des femmes âgées qui vivent ici. Que serait Paula sans les prières de Teresita ?
Consuelo, du haut de ses quatre-­vingt­‐dix-sept années porte un regard sage et aimant sur la vie et les personnes qui l’entourent. Attentive aux autres, elle est toujours prête à les aider, les écouter. Dans un élan du cœur, elle aime souvent nous complimenter : « Encore plus belles à l’intérieur qu’à l’extérieur », et nous avoue comme une confidence : « Que je sois souffrante ou fatiguée, il n’y a pas un soir où je m’endors sans prier pour chacune de vous. » Avec Consuelo je passe des heures à discuter, à refaire le monde. Je viens me ressourcer au-­près d’elle et sa bonté me pousse toujours plus à adoucir mon regard.Esméralda, seule, le regard triste, joue au solitaire. Je m’assieds à ses côtés, elle me sourie, mais ne me parle pas. Il me suffit de lui demander de chanter pour qu’elle se transforme, que son visage s’illumine, et qu’elle me chante « Las lagrimas negras » avec tant de passion et de dignité. Esméralda reste en contact avec le monde, communique avec l’autre à travers le chant. Ce don qui lui permet de nous offrir un moment de poésie.

Sylvia, Teresita, Mercedes, Consuelo, Maria-­Rita et Maria-­Ophélia, Esméralda et bien d’autres donnent chacune une couleur à ce lieu qui le rend unique. J’aime ces visages qui même dans le silence me parlent d’elles.Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC.
Volontaire au Point-Cœur de Cuba

Une autre manière d’être

Dans ce centre pour personnes handicapées, Marie, en mission à Cuba, décrit ces rencontres où la communication passe par la présence.

Mayrelis et Marie

Mayrelis et Marie

 

Je tenais à vous présenter également un lieu qui me tient à cœur, un centre pour personnes lourdement polyhandicapées. Dès le début, on m’avait prévenu que c’était un lieu difficile et qu’il fallait que je m’y prépare. C’est donc avec un peu d’appréhension que j’y suis allée la première fois. J’avais beau m’y préparer, j’ai beau connaître le milieu du handicap, je dois dire que ma première visite a été un véritable choc. Un double choc. Tout d’abord cette réalité : ces vies, ces êtres, physiquement et psychiquement touchées par le handicap. La confrontation à la fragilité humaine : c’est déjà une prise de conscience douloureuse. Mais d’autant plus de voir dans quelles conditions ils vivent : ces grands dortoirs sales, ces chaises roulantes amassées, le manque de professionnels… Quand pour la première fois je rentre dans la salle qui nous est désignée, j’étais tout simplement paralysée par la violence du choc. Et une première question : que faire pour dépasser mon malaise et aller à leur rencontre ? Ma première approche est maladroite. Ici, je perds tous mes repères : les codes sociaux, mes modes de communication sont remis en question, mes « Bonjour comment tu t’appelles ? Que fais-­tu dans la vie ? » sont à laisser à la porte… Elles ne parlent pas, pour beaucoup leur regard est absent, leurs gestes peuvent être brusques. J’ai peur d’être maladroite, de les brusquer, de ne pas savoir réagir face à une situation, une réaction, loin de ce que je connais jusqu’alors. Au bout d’un moment je m’adresse à Mayrelis : une jeune fille de douze ans, aux longs cheveux emmêlés et aux grands yeux gris. On me prévient qu’il faut que je me méfie car elle peut avoir des gestes brusques. Comme elle est aveugle, elle touche le visage de l’autre pour entrer en communication avec lui. Très vite, elle s’agrippe à moi avec force et insistance, je tente donc avec prudence mais aussi douceur de la prendre dans mes bras. Je m’assieds sur une chaise à bascule, elle se blottit contre moi. Je me mets alors à lui parler, un coup en français, en espagnol, je chante… je crois que je tente de me rassurer autant qu’elle. De temps en temps, elle prend mon visage, le fixe, puis le tâtonne, parfois quelques gestes brusques. A d’autres moments, elle prend mes bras et m’indique comment les mettre. J’ai l’impression d’être un pantin entre ses mains et qu’elle m’enseigne comment communiquer avec elle. Nous restons ainsi un long moment à tenter de communiquer ou plutôt tout simplement d’être ensemble. Au fur et à mesure je me sens apaisée. Je crois que moi aussi j’avais besoin qu’un enfant se blottisse contre moi et qu’il prenne le temps de communiquer « à sa manière ». Je prends ici d’avantage conscience de notre mission de compassion, terme que je comprends et que j’intègre davantage au fur et à mesure. Je crois que quatorze mois n’est pas de trop pour le cerner. « Etre avec », c’est parfois si troublant car on ne voit pas toujours les fruits de notre présence. Il règne dans ce lieu une vraie solitude et une forme d’abandon. Les tâches quotidiennes sont accomplies par les professionnels, qui ont une sacrée charge de travail et qui semblent pour beaucoup fatigués par le quotidien et les conditions de travail. Ont‐ils le temps de prendre dans leurs bras cette enfant et de lui chanter quelques chants comme le ferait une maman ? J’apprends ici à aimer malgré parfois un sentiment d’impuissance, de crainte que je peux ressentir face à certaines situations. Aimer celui qui me remue, qui me renvoie une profonde souffrance et solitude, l’aimer dans sa différence, dans ce qu’il me renvoie de la fragilité humaine. Je garde en mémoire également cette femme, Milna qui utilise son pied pour communiquer avec moi, me désigne un fauteuil avec son pied pour que je m’y assieds, puis son sac à main pour que j’y recueille les photos de sa famille. C’est si déroutant… Je m’émerveille aussi de l’implication de certains éducateurs et soignants qui s’occupent de ces personnes avec joie et amour malgré ce contexte difficile. Cela fait maintenant plusieurs mois que je vais régulièrement dans ce centre. Je suis beaucoup plus à l’aise, sereine et heureuse de les retrouver chaque mardi matin. Je ressors nourrie par ces rencontres improbables qui m’apprennent toujours plus à « être », qui m’enseignent l’humilité de ne de ne pas tout saisir. Ici, j’apprends à les comprendre, à me saisir d’un petit rien pour me rapprocher d’eux, à prendre le temps d’être là en silence, à n’espérer aucun résultat concret de ma présence, à me laisser enlacer avec tant de douceur et d’énergie, à avoir un nouveau regard sur l’être humain. Je réalise ici que « nous essayons d’ouvrir les mains vides, et eux, souvent si pauvres que l’on voit au travers, nous font la grâce de bien vouloir les prendre dans les leurs. » (Frédéric Eymeri, Instants de grâce)Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC.
Volontaire en mission à Cuba

Premiers regards sur Cuba

 

Marie commence sa mission à Cuba et elle nous décrit ce lieu nouveau, les premiers regards et impressions.

Sr Eleonore, Roki, Marie, Ola, Assunta et Magda

Sr Eleonore, Roki, Marie, Ola, Assunta et Magda

A Cuba, on a le sentiment que le temps s’est arrêté dans les années 50, ce qui donne tant de charme à ce pays. J’aime déambuler dans ses rues étroites et pouvoir m’imprégner de cette atmosphère unique et nonchalante : cet air lourd et humide, ces rues verdoyantes, ces hautes maisons colorées et fissurées, aux larges colonnes et aux balcons imposants. Cuba, c’est aussi ces incontournables voitures des années 50 : grandes, larges et colorées, ces bici-­taxi et ces charrettes à chevaux qui sillonnent la ville. J’aime cette atmosphère conviviale où les gens vivent à l’extérieur, refaisant le monde assis sur les marches de leur porte d’entrée, ou jouant au traditionnel et national jeu de domino. Cuba, c’est aussi le bruit de fond permanent d’un ventilateur, le gout d’un café trop sucré, le balancement d’une chaise à bascule, la danse des parapluies qui font office d’ombrelles, le linge qui sèche aux fenêtres… Autant de petits détails si caractéristiques de ce pays. Je prends conscience que le voyage m’offre cette capacité, cette attitude à voir autrement, à ouvrir mon regard et m’émerveiller d’un « rien ». Puisse cette manière d’être se poursuivre dans les rues parisiennes à mon retour. Car cette année à Cuba n’est pas une parenthèse mais bien une expérience qui nourrie et qui donne un élan pour la suite. Enfin pour moi Cuba, ce sont surtout des visages, ceux de mes premières rencontres : Roulito, Ramiro, Hiljé, Fela, Monica, Hilda, Paco, María-­Paula, Yoel, Liane, Laura, Gloria… Et qui à l’image de l’accueil chaleureux des Cubains aiment clamer : « Mi casa es tu casa » (ma maison est ta maison). En effet, à peine suis-­je arrivée au Point-­Cœur que je me suis tout de suite sentie attendue. Les amis du quartier sont venus défiler, curieux de rencontrer « les nouvelles ». J’ai alors rapidement pris conscience de la place importante du Point-­Cœur au sein de notre quartier.

Au Point-­Cœur nous vivons dans un quartier excentré du centre ville. Notre maison est plutôt grande : deux chambres et une chambre d’ami, une salle de bain et un grand espace salon/salle à manger ce qui nous permet d’accueillir largement. Car le Point-­Cœur c’est tout d’abord un lieu de vie où chacun peut être accueilli, écouté, où les enfants viennent jouer librement. Je me rends compte également qu’au delà d’un espace de jeux, certains enfants viennent aussi y trouver un cadre sécurisant et protecteur qu’ils ne trouvent pas toujours dans leur famille. Au sein de notre maison, nous organisons divers événements : des anniversaires, des soirées jeux de société (le mercredi soir), des conférences culturelles pour les jeunes (un dimanche sur deux)… Nous essayons de porter une attention toute particulière aux anniversaires pour chacun de nos amis du quartier. Détail dont je prends ici conscience de l’importance, à l’image de Mirna, une Cubaine d’une quarantaine d’années qui fièrement me montre les cartes d’anniversaire de Points-­Cœur qu’elle garde précieusement sous son matelas. Petit détail qui en dit long.Facebooktwitterpinterestlinkedin

Marie GC.
Volontaire en mission à Cuba

Hilda et Paco, quelle impuissance !

Claire est en mission au Point-Cœur de la Havane à Cuba. Elle nous confie ces deux amis Hilda et Paco auprès de qui elle fait une expérience d’impuissance mais aussi d’amitié.

Claire Trentesaux

Claire au Point-Cœur de Cuba

J’ai envie de vous confier un couple d’amis dont nous sommes très proches, pour qui c’est un peu difficile en ce moment : Hilda et Francisco, mariés depuis cinquante-quatre ans, âgés de presque quatre-vingts ans… Je n’aurais jamais pensé avoir des amis si jeunes ! Hilda est une ancienne institutrice, connue et appréciée de tout le quartier. Paco, quant à lui, continue de travailler comme professeur en ingénierie sidérurgique, pour compléter sa retraite, afin de pouvoir emmener chaque jour sa femme manger une glace.
Paco et Hilda ont eu deux enfants. L’une était danseuse et est décédée dans un accident de transport, il y a une vingtaine d’années. Leur fils est parti vivre au Pérou, il y a longtemps de cela, et il ne donne que très peu de nouvelles. Hilda est depuis quelques temps atteinte de la maladie d’Alzheimer. En huit mois de présence, je vois une terrible différence : son état empire chaque jour. Paco est désormais rongé par la solitude et avoue honteusement qu’il perd patience, mais il prend admirablement soin d’elle. Je suis d’ailleurs chaque fois étonnée de l’attention qu’il lui porte. Lorsqu’il n’en peut plus et se confie à nous, comme j’aimerais lui dire que tout va s’arranger… mais non. Quelle impuissance ! Il s’agit juste d’être là et de partager sa souffrance, par notre simple présence, notre fidèle amitié.Facebooktwitterpinterestlinkedin

Claire T.
Volontaire en mission à Cuba

Lire aussi…

> Des articles sur Points-Cœur à Cuba

Facebooktwitterpinterestlinkedin

Suivez notre action

Facebookpinterestyoutubemail

Le blog de Points-Cœur

le blog de Points-Cœur
  • Découvrir Points-Cœur
    • Présentation
    • Organisation
    • Documentations
    • Nos partenaires
    • Histoire
  • Nos actions
    • Nos domaines d’intervention
    • Une présence unique sur le terrain
    • Une influence à l’O.N.U.
  • Nous aider
    • Nous soutenir
    • Devenir volontaire
    • Engagement à l’Ecole
    • Nos événements
    • Intégrez-nous à votre site
    • Espace adhérents
  • Dans le monde
    • Carte intéractive
    • Liste complète des Points-Cœur
  • Actualités
    • Toute l’actualité
    • Agenda
    • Témoignages
  • Bénévolat
    • Renseignements
    • Les 3 piliers
    • Préparation au départ
    • Trombinoscope
    • Témoignages
    • Textes de spiritualité
    • Points-Cœur en vidéos
  • Accueil
  • Médiathèque
  • Contact
  • Plan du site
  • Mentions légales
  • Autres sites dans le monde
  • Bienfaiteur
  • Bénévole
  • Ami de Points-Cœur
  • Presse
  • Entreprises / Collectivités
  • Adhérents